Je sens une présence inquiétante derrière moi tandis que je viens de finir ma page. Lorsque je la tourne, une ombre passe devant la lumière, me gâchant la vue. Je m'apprête à réprimander cette personne mais me ravise. Je lève les yeux vers lui. Je me tiens à côté d'un charmant homme plus vieux que mpoi de quelques années, visiblement intéressé par mon livre. Comme si la littérature intéresserait ce genre de personne ? Pourtant, je suis à la fois surprise et contente par son intéressement lorsqu'il donne un avis. C'était comme si quelqu'un s'intéressait enfin à mes faits et gestes. Il était, depuis longtemps, la première personne à venir à ma rencontre. Était-ce parce que j'étais sans mon fils, ou parce que ce que je lisais lui plaisait ? Cela, je n'en avait aucune idée. Allais-je bien vite le savoir ?

« - Belle œuvre, belle façon d’écrire, bien que l’histoire m’est plus fantastique que romantique tellement qu’il y a de choses impossibles dedans, enfin, ce n’est que mon avis. »

Un sourire navigue sur mes lèvres. Sa critique est simple et constructive et il ne me relève rien sur la suite de mon histoire, ce qui m'arrange. Neanmoins, je sais qu'il a raison car certains des passages du livre me semble impossible avec un homme et pour tout, je n'y vois aucune fantaisie. Il a l'air de s'y connaître en littérature et de l'avoir déjà lu, chose que je suis en train de faire. Je passe un coup d'œil sur mon livre en mettant mon marque-page en place avant de relever une nouvelle fois la tête vers lui. Ses yeux n'ont rien de fascinant et pourtant, j'y trouve quelque chose de taquin, je ne sais pas comment, mais j'y arrive. Peut-être est-il compétiteur et joueur ? À savoir.

Je le regarde croiser les bras puis s'étirer. Certes, ce n'est pas le plus beau gosse que j'ai déjà vu mais il a son petit charme. J'hausse un sourcil, par rapport à sa critique. Il a peut-être raison mais je suis pas sûr de l'admettre. À le voir debout, il me fait pitié. Sur le siège deux places où je suis, bien conformément assise au milieu, je décide de me décaler pour le laisser s'assoir, tapotant de ma main pour l'y inviter en y ajoutant un petit sourire narquois, comme une sorte de défi.

« Ce n'est que votre avis en effet, asseyez-vous. Je n'ai pas encore trop lu, je n'en suis même pas à la moitié, juste un premier quart de lu. Mais j'avoue qu'il y a des événements parfois impossible. Néanmoins, n'oublions pas que ce n'est pas de notre époque. Je ne pense pas que ce soir vraiment fantastique. »

Et je pose mes mots. Je tiens à ce que je tiens. Juste pour le contredire un peu, pour le taquiner parce que c'est dans ma nature et je sais qu'il y répondra. J'ai déjà l'impression que nous pourrions parler de ce livre pendant toute la journée. Juste une impression, certes, parfois j'y crois mais pas toujours. Là, oui. Je me rends compte par la suite qu'aucun de nous deux ne s'est présenté. Peut-être devrais-je ? Aucune idée, comme d'habitude, je n'ai jamais la réponse à ma question. Je n'ai pas trop l'habitude de vouvoyer. Autant se présenter pour éviter de parler ainsi à quelqu'un, ce n'est pas trop dans ma nature. Je préfère tutoyer, c'est toujours plus simple et moins dérangeant.


« Au fait, moi c'est Eden. dis-je en tendant la main. »

Je m'attends plus à ce qu'il la serre, comme bon homme. Mais je ne sais pas si il va le faire. Je ne sais même pas si je préférais qu'il le fasse, à vrai dire. Je préfère donc ne pas y prêter attention et je ferme d'une main mon livre, veillant à ce que le marque-page n'ait pas bougé depuis tout à l'heure.

Bravoure du Lion passe en revu son environnement. La branche où il se trouvait être encore stable, encore heureux pour lui. Il ne fallait pas qu'il tombe. Et même si Griffe de Lion n'allait pas se moquer de lui, il était possible qu'il y ait quelqu'un d'autre. Il avait pas envie qu'on ricane sur son cas, malgré qu'il s'en désintéresse quelque peu. Néanmoins, il n'avait tout de même aucune envie de finir dans la tanière du guérisseur. Ah ça, certainement pas ! miaula-t-elle en son for intérieur. Pas question de lui rendre visite. ajouta-t-il. Pas qu'il ne l'aimait pas, mais ne pas pouvoir chasser aurait été son comble. Et si une guerre éclatait ? Aucune chance qu'il n'y aille. Alors aucunement, il ne se casserait quelque chose.

« - Ouha ! Toi tu as le coup de patte ! Et si on redescendait maintenant ? »

Il était fier d'être complimenter. Alors, tout en acquiesçant, il bomba le poitrail, laissant ainsi l'honneur à son camarade de descendre en premier. Il était totalement d'accord, il n'avait aucune envie de rester perché là-haut, il était bien mieux sur la terre ferme. Tout en s'agrippant à l'écorce par la force de ses griffes, il glissa le long du tronc. Lorsqu'il atteint la branche la plus basse - parce qu'il était monté un peu entre temps - il sauta. Il fit d'ailleurs un bon époustouflant avant de retomber sur ses quatre pattes au ciel. Un air de satisfaction brillait dans ses yeux lorsqu'il rejoignit enfin le sol. À la fois par son saut mais aussi parce qu'il avait la subtile envie de pouvoir malaxer la terre avec ses griffes sortantes et rentrantes.

Bravoure du Lion leva le regard vers son camarade qui lui lançait un coup d'œil empli de complicité. D'autant, les deux félins s'amusaient beaucoup ensemble. Griffe de Lion restait un ami d'enfance pour le rouquin qui avait pas mal de souvenir de leurs escapades nocturnes et de leurs bêtises communes. Le félin prit une grande inspiration, humant l'air avec sympathie. Cela sentait bon la forêt. Il se mit en marche, invitant son meilleur ami à le suivre d'une ondulation de la queue.

« Alors ? Toujours rien, côté amoureux, mon cher ami ? lui demanda-t-il, taquin. »

Voilà un moment qu'il n'avait pas eût de discussion telle que celle-ci. Le rouquin s'arrêta pour gratter le sol et y cacher sa proie, à la recherche, peut-être, d'une autre. Il attrapa celle de son camarade et l'y enterra en même temps. Au moins là, ils auraient un balade tranquille.

Maintenant, il n'était plus rare de te voir flâner avec des félines. Un petit jeu de séduction, histoire d'un court instant. Tu voulais simplement envoûter tes camarades femelles, pour ton propre plaisir personnel. Ectoplasme Chimérique serait peut-être ta prochaine victime, qui sait ? Car tu savais très bien que la tentait, cela se lisait dans ses yeux lorsqu'elle te regardait. Il n'y avait rien de mal à faire ceci mais cela te plaisait. Tu avais attendu ce petit moment de tranquillité avec elle depuis un moment, tu faisais semblant de l'ignorer. Le savait-ellea aucunement, et bien heureusement. Il fallait que tu caches ton jeu.
Après tes dires, la connaissant, tu savais qu'elle allait mal réagir et tu t'y attendais. Tu voulais qu'elle réagisse ainsi, c'est là qu'elle commençait à entrer dans ton jeu comme elle avait déjà commencé depuis pas mal de temps par ses regards discrets vers tes yeux. Tu la désintégras en scrutant ses faits et gestes, en admirant sa beauté.

« - Hum ... Peut être que je me tais parce que ce que je dis ne concerne pas vraiment le premier félin venu, Spectre du Sureau. »

Tu hausses un sourcil et plisses les yeux. Tu ne réponds pas tout de suite, sentant qu'une autre réflexion arrive. Tu ne bouges pas encore d'un poil, la laissant aller et venir avec son esprit, réfléchir à quoi dire?. Peut-être haït-elle la façon dont tu te conduis avec elle. Mais au fond, cela te fait bien rire et tu es fier de l'énerver rien qu'à ton habitude. Ce n'est qu'une guerrière lambda après tout. Que faire d'une telle pauvreté à part s'en jouer ? Un sourire en coin, tu la laisses continuer, sans te soucier du reste.

« - Je ne te crains pas. De toute façon je ne pense pas que tu serais vraiment en capacité de me faire du mal. »

Tu hésites. Faire du mal, toi ? Non, bien sûr que non. On se demande comment d'ailleurs. Tandis qu'elle jette un coup d'œil vers le ciel, toi qui sait très bien que la pluie approche, tu fais comme elle, cette eau qui va bientôt se déverse. Tu commences à avancer silencieusement vers la féline, tel un monstre contre sa proie sans défense. Elle est à ton opposé lorsqu'elle rabaisse ses yeux, à ton plus grand bonheur. Tu continues donc d'avancer après un instant d'arrêt pour t'être assurer qu'elle ne te voyait pas. Elle est assise de doset et sans pitié, tu lui sautes dessus, plaquant son ventre au sol comme si tu allais passer à l'action. Tes pulsions sexuelles te tirailler mais tu n'avais pas le droit, tu ne pouvais pas, alors tu te retins, abaissant ta tête vers son visage, ton souffle le frôlant. T'es paroles atteignirent alors ses petites oreilles que tu avais envie de mordre.

« - Toujours aussi sûre de tes dires, petite ? »

Il n'avait rien d'autre à rajouter, alors il se tut mais il ne lâcha pas son emprise d'elle. Il la tenait bien fermement, elle ne pourrait pas s'enfuir, elle n'avait qu'à lui répondre, en toute honnêteté, tout bonnement et simplement. Telle une guerrière lambda qu'elle était.

Il se laissa tenté de s'assoir et je crois en être purement fière. Je venais de l'inviter. Mais de l'inviter à faire quoi, exactement ? Voici encore et toujours une nouvelle demande sans réponse. J'avais peut-être besoin d'un homme finalement, d'un homme qui remplacerait William. Mais je ne suis pas sûr qu'il saura répondre à mes questions ni même si je l'accepterais comme tel. À vrai dire, aucun homme n'est entré dans ma vie après son départ et j'ai pas trop, peut-être pas encore, envie qu'un autre le remplace. J'ai peur de moi-même pour le coup. Je n'y pensais pas encore auparavant. C'est pour cela que les garçons étaient hors de mon champ de vision. Mais il était temps que je m'y remette, Wilsen avait besoin d'une présence paternelle à tout prix, même si ce ne serait pas le premier venu qui allait obtenir une place dans mon cœur tel que Matthew.

« - Je suis Matthew, professeur de littérature à l'université »

Je hoche la tête avec un sourire en supplément. Voilà pourquoi cela l'intéressait tant. Il me sert lqa main et comme d'habitude, je ne sens aucune poigne. Ceci étant pour n'importe quel homme bien sûr, je ne cherche pas à dénigrer Matthew. Il approche sa main de l'ouvrage et je le laisse faire sans aucun mouvement de recul. Je le vois poser son doigt sur le titre et le tapoter gentiment. J'esquisse de nouveau un sourire avant de le regarder droit dans les yeux dès qu'il commence à parler.

« - Cela m'est fantastique car un humain normalement constitué ne peut pas être tant à l'aise avec la personne qu'il aime, en tout cas je me pourrais me conduire ainsi, je suppose. »

Maintenant que je le connais un tout petit peu plus, ses yeux me paraissent de plus en plus fascinant. Mais sa remarque noue un nœud dans mon ventre. Je sais qu'il ne fait pas référence à William mais en effet, il a raison. Nous n'étions pas toujours très à l'aise l'un avec l'autre. Pourtant, je ne soutiens pas ses dires car avec le temps, on se sent à l'aise. Je comprends alors qu'il n'a pas vraiment d'expérience dans le domaine et je me sens presque coupable par mes pensées. Il est professeur, il doit avoir moins de la trentaine et il n'a pas l'air d'avoir encore goûté les lèvres d'une jeune demoiselle. Pauvre malheureux.

« - Tu aimes la littérature anglaise ? Ça nous fait un point commun alors. »

Au début, je ne remarque pas le tutoiement mais par la suite, je découvre notre second point commun, d'après ses dires. Nous n'aimons pas vraiment tutoyer les personnes, en réalité. Mais je pense qu'il est obligé de le faire à l'Université, ce qui me parait normal avec les élèves. Je sourire et nouvelle fois et en rigole même. Il a le sens de l'humour, même sans le vouloir.

« Enchantée, alors ! dis-je en rigolant. Je continue ensuite, Tu sais, avec le temps, nous ne sommes pas toujours mal à l'aise avec l'autre. Il y a quelque chose tel que la confiance qui fait que tu ne l'es plus. »

Une nouvelle question me chatouille l'esprit mais je n'ai aucune envie de la poser, de peur de paraître peut-être trop intéressée à lui, ou qu'il ait des préjugés sur moi. Je suis un peu comme une élève. En tout cas, j'aurai l'âge et j'ai pas franchement envie qu'il prenne des gants avec moi par la suite, par peur de me faire quelque chose. Pourtant, elle me démange trop que je ne peux me raviser et je la pose, il le faut où je regretterai.

« Tu es ... en couple ? demandai-je avec une pointé d'hésitation dans mes mots. »

Voilà, ça y est, c'est fait, c'est dit. J'ai comme l'impression d'avoir peur d'une réponse positive, je sais pas pourquoi et j'ai pas franchement envie d'en entendre une après cette question. J'étais trop curieuse de savoir ceci. J'avais envie de le connaître encore plus. Juste parce que je voulais le considérer comme un vrai ami. Je ne le laisse pas répondre tout de suite, un peu trop peureuse d'entendre le positif.

« Au fait, j'ai trouvé notre second point commun. On aime pas trop tous les deux le vouvoiement ! »

Je rigole, mais au fond, j'ai peur, j'en tremble même et je ne sais pas pourquoi. Je suis certaine de ne pas être amoureuse mais je ne sais pas à quoi m'attendre. On ne sait jamais.

Plop


« Perdu ? Parce que tu étais perdue, toi ? Sais-tu au moins que nous n'acceptons pas les guerriers capables de se perdre. Le Clan de l'Apothéose est une élite. »

Plop

« Et puis, le danger rôde par ici. Ton adversaire et partout. »

Plop

« Et je vois d'ailleurs que tu sais pas te défendre. Que tu n'es pas digne d'être du Clan de l'Apothéose. Néanmoins, même si ma gentillesse a des limites, je pourrais ne rien dire. » Plop « Mais sous quelques conditions, ma très chère. »

Plop