Mélopée Angélique n'en revenait pas. Là, devant lui, se tenait son sauveur. Il l'avait sauvé auparavant et encore une fois, il remettait cela. Une peur bleue lui noua le ventre. Qu'était-il devenu, après tout ce temps ? Avait-il énormément changé ? La féline rousse avait peur, trop peur, si bien qu'une odeur commençait à se reprendre mais elle releva la tête et chassa cette peur, il ne devait pas la ressentir, quelque soit les circonstances. Elle n'avait pas peur !

— Je suis à présent Empereur des Ronces. Et toi, quel est ton nom maintenant ?

Retour au monde, elle venait de connaître le nom du félin. Elle n'en revenait pas. Ce matou avait un nom dont elle était presque tombée amoureuse. Elle commença à chuchoter en balbutiant quelque chose qu'il n'avait du ni comprendre, ni même entendre. Elle perdait ses mots, elle était perdue elle-même. Là, près de la rivière, proche de son sauveur. Elle secoua la tête, il fallait qu'elle se reprenne, et vite !

— Qu'est-ce qui est arrivé après ce jour ... ?

Mélopée Angélique se figea nette. Un flash lui apparu comme la réalité, quand son frère roula, roula, roula avant de tomber dans la rivière. Il était mort. Empereur des Ronces le savait. Que cherchait-il ? À ce qu'elle le dise elle-même, à voix haute ? Voulait-il qu'elle souffre à nouveau, elle, si sensible sentimentalement ?

— Je me nomme désormais Mélopée Angélique ...

Sa voix était grelottante. Elle baissa la tête, accablée par le chagrin. Tout lui revenait comme si c'était hier. Une larme coula le long de sa joue et tomba au sol en éclaboussure. Elle inspira rapidement, en saccadé. Brusquement, elle releva la tête et plongea ses yeux ambrés dans ceux qui matou, exactement pareils.

— Il est tombé dans la rivière. Et ... il n'a pas survécu.

Elle s'en voulait. Et ceci était suffisant pour que les sanglots l'atteignent. Mais apparemment, cela ne l'atteignait pas, lui. Elle s'approcha et plongea son museau dans sa fourrure près de son épaule. Elle voulait s'excuser, et selon elle, elle le devait.

— Pardonne mon départ du clan, ce n'était pas ta faute. Et merci ... merci de m'avoir sauvée de ses griffes.

Elle l'avait dit, enfin, entre deux sanglots. Mais elle se reprenait rapidement. Elle n'était pas prête à finir cette journée bercée par l'effet des pleurs continus. Elle s'approcha de l'eau et but. Ce qui était sûr, c'était qu'il devait être en train de la regarder, de veiller sur elle. Alors, d'un coup de patte, elle projeta de l'eau sur le matou.
Des pleurs, elle était passée à l'amusement, pour oublier. Elle lui lança un sourire coupable et courut. Il allait aussi lui jeter de l'eau dessus !

Petite Abysse & patte du chêne